Guy Gilbert

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"Association Père Guy GILBERT
Bergerie de Faucon"
46 rue Riquet 75019 PARIS
Tél: 01 40 35 7 546 - Fax: 01 4035 1293

Lettre n° 85
Paris: janvier, février, mars, avril, mai et juin 2010
« LA MAGIE DES ANIMAUX» et « APPRENDS À PARDONNER»


Arni(e) ,

Voici mes deux nouveaux livres!
Lorsque je vous ai demandé si cette collection de petits livres vous plaisait, vous m'avez unanimement répondu par l'affirmative!
Alors je continue, et comme je sais que cela procure une partie des salaires de nos équipiers et par conséquent aide la Bergerie à vivre, ma volonté de vous satisfaire est décuplée!
Si j'ai choisi dans cette lettre de vous parler en premier des animaux, c'est pour respecter l'Œuvre de Notre Créateur qui a créé les animaux avant nous! La Genèse le dit.
Quant au pardon, il est une valeur essentielle à bûcher sans relâche.
Refuser de pardonner nous bouffe le cœur, la rate et le gésier! Combien de personnes dévorées par la rancune et la haine!
Humainement c'est parfois très difficile, voire impossible. Un chrétien peut franchir cet « impossible ». Le Christ après avoir été supplicié n'a pas dit à ses bourreaux: « Je vous pardonne. » Il a seulement dit à son Père: « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » Si le Christ est ton modèle et ta force, alors fais comme lui. Tu n'oublieras pas. Mais le pardon te pacifiera et tu trouveras la paix. Puissent ces pages te libérer. Alors je serai heureux de les avoir écrites pour toi.


« La magie des animaux »

Jeunes enfants
Le jeune et l'animal entretiennent un lien mystérieux. Il est naturel que l'enfant s'entende bien avec un animal. Ce dernier n'a pas la dureté de l'adulte, c'est un être qui l'écoute, le console, donne et prend sans conditions, ne juge jamais. C'est un être sur lequel on peut toujours compter. Nourrir, soigner ou caresser un animal renforce chez l'enfant un sentiment d'estime de soi, de confiance, qui favorise son épanouissement.
Les animaux provoquent également en lui un sentiment d'empathie qui est le meilleur remède à la violence, et la meilleure base pour tisser des liens dans la société des humains.
Un gars que j'ai bien connu m'a souvent rapporté ce qu'il devait à un splendide chow-chow. Il habitait au Maroc où ses parents, coopérants, travaillaient à l'ambassade de France. Pris par mille réceptions, ils le laissaient la plupart du temps seul à la maison, avec pour compagnie une vieille nounou arabe, sourde et à moitié infirme. Il m'a raconté avec une ferveur étrange ses douze ans de vie avec son chien. Ils ne se quittaient jamais, saufle temps de l'école. Le chien l'accompagnait et allait le rechercher avec une précision d'horloge.
« Il m'a élevé, me répétait-il. Il m'a apporté tout ce que j'attendais des adultes et qui m'était refusé. Quand j'ai eu douze ans, il est mort. Mon enfance s'est terminée là. Je suis entré dans le monde adulte, en vouant une immense reconnaissance à mon chien. »


La Bergerie de Faucon
Trouver les bonnes espèces


J'ai dû tâtonner avant de trouver les animaux les plus aptes à captiver les jeunes. Certaines bêtes demandent à être apprivoisées longuement, nécessitant une patience d'ange, d'autres, par leur beauté, inspirent l'admiration; d'autres encore la tendresse. Mais toutes participent à la guérison des ados, comme un herbier de plantes médicinales.
Les jeunes passent des poules aux vaches ou des sangliers aux autruches sans transition. Mais ils ont obligation de s'occuper un certain temps d'un type d'animal précis afin d'apprendre les gestes appropriés, les particularités de l'alimentation. Après plusieurs mois, ils sont devenus de bons généralistes capables de prendre soin de tous les animaux, puis ils se « spécialisent » sur un animal qui les branche plus que les autres et s'y attachent. Chaque animal produit en eux une résonance particulière.
Ces jeunes, incultes pour la plupart, sont capables de profondeur, de réflexion « philosophique ». « J'aime les sangliers, me dit Marco, parce qu'ils sont durs à approcher au début. Je les soigne et je les nettoie avec joie parce qu'ils m'ont sorti en quelque sorte de ma merde. Je leur fais confiance, je gagne la leur. Et je suis fier de ça. Le sanglier ne reprend jamais ce qu'il a donné. Il ne ment pas.
Il ne triche pas. »
Ces bêtes sont capables d'apaiser leur angoisse indicible. Face à la violence de certains jeunes, j'imagine parfois avoir un lion pour leur apprendre à canaliser leur agressivité! Ce n'est qu'un rêve, car je ne sais lequel, finalement, dévorerait l'autre ...

Mupe

En plus de nos trente et une espèces de bêtes, il arrive que des taupes s'introduisent dans nos champs en bousculant la terre. Les jeunes « gueulent leur race» parce que ces bestioles détruisent parfois des pelouses parfaites. Je dois leur rappeler que les taupes sont très utiles.
« C'est comme les vieilles, alors! me lancent-ils.
- Oui, c'est comme les vieilles! je leur réponds. Tu m'as souvent dit que tu n'aimes pas tes parents, mais que tu aimes tes grands-parents. Dans l'ombre, les anciens ont donné un peu d'air à ta jeunesse. »
Dans la Bible, les taupes sont considérées comme symboles de la vie intérieure: elles creusent profond, on ne les voit pas. Lorsque je dis que la prière est l'élément essentiel de ma vie, je pense aux taupes.

Sur la rive des humains

Certains disent que l'on exagère le rôle de l'animal vis-à-vis de l'homme. Je ne suis pas du même avis. Lanimal nous ramène aux valeurs essentielles de la vie. Nous avons beaucoup à faire pour laisser l'animal nous éduquer, nous rendre plus altruistes, plus sereins.
Dans mon travail d'éducateur, j'ai découvert que ces jeunes qui détestaient les gens aimaient les bêtes. J'ai vu tour de suite que notre action éducative pouvait passer par les animaux. Grâce aux bêtes les jeunes pouvaient enfin découvrir que l'humain a un cœur, une intelligence et une volonté qui le mettent tellement au-dessus de l'animal.

Les bêtes en premier

Cent fois j'ai vu les mecs revenant à Faucon après une longue absence foncer d'abord vers les animaux. Ensuite seulement, ils saluent l'équipe. Un jour, je demande à un ancien de la Bergerie, que je n'avais pas revu depuis trois ans, ce qu'il avait particulièrement aimé au cours de son passage parmi nous. Sa réponse a jailli: « C'est les bêtes, Guy! »
Pourtant, mes compagnons lui avaient prouvé qu'ils l'aimaient, ce môme. Mais voilà, pour ces gosses, ce sont les bêtes qui passent en premier. Contempler longuement leurs yeux, notamment ceux des lamas, semble purifier leur âme. En même temps, ils ignorent la couleur de nos yeux à nous. Et ils n'oublient jamais le prénom qu'ils ont donné à la bête.