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Réenchanter le monde
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Fête de l’abondance partagée: Il faut réenchanter ce
monde!
Higrek Haim Décembre 1997
Il y a fort longtemps les peuples du monde,
dans leur grande majorité, donnaient
sens aux aléas de la nature et aux incertitudes entraînées, en personnifiant
ces phénomènes que la science ne
cherchait pas encore à comprendre. Ainsi, tous les faits se rapportant au vécu
émotionnel intérieur ou extérieur à l’humain comme, l’amour, la haine,
la guerre, la paix, le sexe,
la fécondité, le plaisir, la force, la faiblesse, la mort, la vie, les
saisons, les pluies, l’eau, les astres, les vents, le ciel, la lune,
les étoiles, les marées, la neige et bien d’autres phénomènes naturels,
étaient personnifiés par les humains, voire même, de par l’inéluctabilité
de ces personnages, divinisés. Les populations ne réalisaient pas encore,
consciemment, l’universalité
et pourtant au delà des langages et des époques l’universalité de ces
interprétations en constituait
la trame de fond. L’angoisse et la peur, de la mort liée à l’hostilité imprévisible de la nature
intérieure et extérieure, imposèrent
aux humains de prévoir, de chercher, d’anticiper, de comprendre, mais
aussi de conjurer, de totémiser, de prophétiser, de prier...mais aussi
de festoyer les grands moments où la nature se montrait généreuse. Tandis
que recherche et observation, partage, voyage, échanges et transmission
des savoirs permettaient à l’humain de maîtriser cette peur, l’ignorance
et l’interprétation, la manipulation des peurs par ceux qui aspiraient
à dominer en imposant leur sens
à l’histoire. Ainsi naquirent les religions, s’appropriant les éléments
clefs de l’émancipation des individus socialisés et les mettant “sous
clef” pour maintenir flou, obscurité et secret et donc leur domination. Les personnifications divinisées devenaient
totémisées et fétichisées et les communautés humaines sectarisées. Les
religions monothéistes donnèrent aux humains cette dimension de l’universel,
mais maintenirent l’obscurité et le mystère sur les lois de la filiation
et de l’affiliation, donnant leur propre sens au “relier social” tout
en maintenant les populations dans l’obscurité et l’intemporalité des
choses. Alliées de la domination armée, les clercs religieux purent
de par leur contrôle des consciences
accroître l’exploitation de la créativité et de l’activité humaine
. Il y a fort longtemps, les peuples de l’europe
dans leur grande diversité, craignaient comme la mort l’arrivée saisonnière
de l’hiver. Après les beau jours d’une nature généreuse en fruits et
gibier, les jours raccourcissaient, les nuits devenaient plus longues
et plus froides, la nature végétale et animale semblait disparaître
du vivant et mourir. Les peuples d’europe assistaient impuissants
à la mort du soleil, c’est à dire de toute vie. Et puis, un changement
minime que ceux qui observaient remarquaient se produisait, les jours
se mettaient à rallonger, certaines fleurs comme la jacinthe fleurissait
malgré tout, certains arbres comme le sapin s’obstinaient à rester verdoyant.
Le soleil invaincu, ne mourrait
pas! Après la crainte de la mort du soleil et de la vie, l’espoir revenait,
les beaux jours abondants d’une nature florissante et généreuse se faisaient
sentir à nouveau aux prémices de l’hiver. Il fallait juste tenir et
donc avoir engrangé et prévu pour passer cette période de rareté et
retrouver à nouveau l’abondance de l’été. Le retour du soleil marqué par le rallongement
des jours était alors festoyé,
comme pied de nez à la mort
et tous les actes et symboles de ces festivités, avec des variantes
selon les peuples, tournaient
autour du feu, de la lumière, de la bûche qui ne s’éteint pas, du sapin
verdoyant, de ces divinités personnifiées généreuses redistribuant apportant l’espoir de l’abondance
retrouvée: lutins, elfes, fées des bois, yül et autres ancêtres du “père
noël”. Noël, No Hêl, nouveau soleil comme disaient
les celtes ? Et
puis les chrétiens s’approprièrent cette fête du soleil renaissant,
pour le remplacer par le fils du dieu unique, jésus. La re-naissance du soleil, qui selon les saisons
et les phénomènes naturels propre aux écosystèmes de la planète était
fêtée sous toutes les latitudes, se voyait être remplacée par la fête
de la naissance de jésus dont la date fût placée arbitrairement autour
du solstice d’hiver, personnification d’une divinité suprême remplaçant
toutes les personnifications des phénomènes naturels. Pourtant résistant
au temps et aux récupération de l’église persistaient les symboliques
du réveil d’une nature généreuse, Pourtant et paradoxalement lorsque
les peuples désignaient le soleil comme source de toute vie, ils se
trompaient bien moins qu’en désignant et en donnant existence au dieu unique. Ainsi les catholiques de Dijon, brûlèrent en
1951, avec les enfants des patronages, un père noël (pourtant américanisé) et se sont les laïcs et libre penseurs qui
durent le ressusciter pour la plus grande joie des enfants. Du moins
ceux dont les parents avaient les moyens matériels de leur faire croire
au père noël... Autre réalité du commerce marchand impitoyable. Le soleil était palpable, même si l’on en
ignorait encore les composants chimiques. Les
révolutionnaires de 1789, lorsqu’ils établir leur calendrier renouèrent
avec ces traditions à la lumière des sciences en pointant les saisons:
germinal, floréal! Aujourd’hui ces festivités universalisées
même dans les pays qui ignoraient les saisons de l’europe (domination
nord/sud) restent récupérées
par les christianismes et honorées par les trois monothéismes. Ce qui
reste des symboliques naturelles a été commercialisé, transformé en
marchandise, en or dollardisé, en figurines désuètes. Les sapins en
plastique brillent des guirlandes électriques de l’energie nucléaire. Le paradoxe étant que le soleil source naturelle
énergétique de la vie, étant lui-même composé, entre autre d’or
et de réactions thermonucléaires, il aura fallu que sur notre planète
les appétits de domination prospectent à rechercher toujours plus d’or
et à créer toujours plus de centrales nucléaires alors que l’amplification
des rayons naturels nous permettaient prospérité et abondance pour tous. Aujourd’hui, l’hiver, la mortification de
la vie conséquente des appétits dominants
plongent des milliards d’individus
dans l’incertitude absolue quant à l’avenir. Aujourd’hui nous n’avons
toujours pas été capable, par l’autonomie et la réalisation de l’objectif
de la satisfaction des besoins fondamentaux par et pour tout un chacun
(e), de prévoir et de prévenir les conséquences mortifères de l’hiver
du capital. Nous sommes à sa merci. Comment va-t-on dans l’universalité, par la
recherche, l’observation, la réflexion, la communication, l’entraide,
la créativité, la coopération, être à nouveau capable d’engranger afin
de semer ces graines qui permettrons de voir refleurir ces ressources
dans l’abondance partagée. Comment va-t-on déjouer les pièges de ces
actuels obscurantismes de toutes natures qui nous occultent nos véritables
objectifs ? Comment éviter de rester prisonnier de cette
oscillation de l’humanité entre monothéisme paternaliste, patriarcal,
cannibale, destructeur de la filiation/affiliation et promoteur du clonage
nazifiant de l’ordre totalitaire techno-capitaliste mondial, “faisant
l’homme à son image” et la tentation régressive du retour à “notre mère
la terre”, tribale et communautariste,
castratrice aux doubles liens de filiation qui reste la tentation
révoltaire la plus dangereuse et éculée pour qui veut s’opposer a “la
toute puissance du père”. Mais quel âge psycho-affectif moyen a l’humanité
aujourd’hui ? deux-trois ans avec la fragilité et le risque de l’accident
par non contrôle de l’environnement ou bien quatorze-quinze ans avec
passages à l’actes parfois suicidaire? Toujours est-t-il qu’une théorie pratique
de l’évolution/révolution ne se construira universellement que sur le
dépassement accompli de cet enfermement qui nous donne comme seul choix
celui du père ou de la mère, dans un univers où le père est dans une
fallacieuse maîtrise et la mère, soumise,
fourbit les armes de ses convulsions. Ainsi la maturation accomplie en ouvrant la
voie vers une autre ère devra soulever le socle religieux et, contre
l’ordre moral, mettre la sexualité sur la place publique afin, au grand
jour cette fois-ci de fonder une éthique de la sexualité et donc la
loi. Et si la hiérarchie, de tout temps perverse,
en-dehors et au dessus d’une loi anti-ethique et illégitime a su faire
passer le respect des hiérarques comme respect de la loi, l’anarchie
pleinement vécue sera le meilleur garant du respect d’une loi légitime,
juste et éthique. Le soleil énergétique
reviendra sur d’autres bases que par le passé, c’est à nous qu’incombe
le devoir de lui redonner la place dont nous aurions pu profiter plus
tôt. Il nous faudra dans ce chaos implosif ambiant et actuel, à nouveau
redécouvrir les signes et les pistes qui redonnent sens à notre compréhension
du monde et des choses de la vie et nous permettent de fixer les points
de repères sans lesquels aucune socialisation durable et libre n’est
possible. Ce sont ces éléments de compréhension, véritables défricheurs
de chemins qui réveilleront un espoir concret et enchanté. Il nous faut
réenchanter ce monde mortifère. HigreK Haim Décembre 1997
Réenchanter le monde Didier
Despoint 24/11/97
Nous vivons une époque de feu, de fer, de
sang....de broyage/concassage. Nous vivons en pleine réification idéalisée
par les idéologies les plus éculées... “Nous
ne sommes pas au monde....” comme l’écrivait le poète. le
sens du langage a été perdu: “Un signe sommes-nous sans interprétation
car nous avons en pays étranger perdu le langage” (Hölderlin). C’est l’erradication totale, la double aliénation
interne et externe.... Pourtant, à mi-hauteur, l’homme a “la tête dans
les étoiles et les pieds sur terre”. (J. Kerouac). On a confondu le
mot et la chose; le mot, le concept, l’idée et le symbole; le signifiant
et le signifié (au sens de F. de Saussure); l’allégorie et la métaphore,...
Qu’est-ce que parler créativement, énergétiquement, dynamiquement ?...
La pensée unique totalitaire, concentrationnaire, nous enferme dans
l’infra-humain tout y est mis sur le même plan, partiellement,
donc partialement... Parler,
c’est échanger, véritablement communiquer, faire la fête.... C’est se
réapproprier la grande dimension symbolique. Le symbole est polysémique, une source inépuisable
de sens, de nouvelles connotations.... Langue et parole y sont reliées,
harmonisées. C’est la dimension subjective/intersubjective, de la communication
/ commune unie action. Il existe une symbolique politique, religieuse,
culturelle... Mais celle-ci est en déperdition, une perversion, une
appropriation abusive fétichiste des grands symboles, de la dimension
symbolique. Brûlons
toutes ces interprétations, et (r)évolutionnairement promouvons un autre
dire, un autre faire..., l’échange... Brûlons la valeur fétichiste dans
ses aspects économiques, religieux, politiques, culturels, etc... Saignons
le veau d’or. Aussi nous vous convions à cette fête le
27/12/97, entre “noël” et le “jour de l’an”, sur la base d’articulation,
du passage d’un monde à un autre... Nous avons à ré-enchanter le monde, à retrouver
le sens du merveilleux, de la joie de vivre au quotidien... Sachons
nous émerveiller, inventons la vie... Sortons de nos tours hantées... Par
delà matérialisme et idéalisme (deux faces de la même médaille) trouvons
l’énergetique éthique créatrice.... Faisons acte poétique/poiétique... L’idéologie et sa dénonciation se meuvent
dans la forclusion. Elles relèvent encore de la re-présentation, ré-flexion
subjectiviste et objectiviste. Réapproprions-nous ce qui nous a été volé...
(re)-trouvons le sens de la vie!!....
Didier Despoint 24/11/97 Voir aussi
sur : http://www.internatif.org/antenneassedic/contributions.html
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